[ Le chagrin des vivants d'Anna Hope ]

Auteur : Anna Hope
Genre : fiction historique, littérature anglaise
Editions Gallimard
Coll. Du monde entier
Paru en janvier 2016
400 pages

Résumé


Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d’hommes ont disparu, cette cérémonie d’hommage est bien plus qu’un simple symbole, elle recueille la peine d’une nation entière.  À Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Dans une ville peuplée d’hommes incapables de retrouver leur place au sein d’une société qui ne les comprend pas, rongés par les horreurs vécues, souvent mutiques, ces femmes cherchent l’équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les cœurs s’apaisent.

Mon avis



Ce matin, j'ai profité du jour férié pour terminer ce magnifique roman d'Anna Hope. Je l'avais repéré dès sa sortie mais vous savez ce que c'est, on note et on oublie. Mais voilà, l'erreur est réparée et je découvre une écriture à fleur de peau, sensible à la détresse des personnages. 

L'histoire se passe presque 2 ans dans l’Angleterre de l’après-Première Guerre Mondiale, en 1920.  L’auteure Anna Hope fait alterner les récits et les personnages ; l‘histoire est concentrée sur cinq jours, les cinq jours avant la cérémonie organisée à la capitale anglaise en mémoire aux soldats tombés et  l’inauguration de la tombe du soldat inconnu. Resserrée dans le temps, ce choix narratif permet de bien situer les vies des personnages principaux, quasiment exclusivement féminins. On y découvre la vie des femmes au début du XXème autant qu’on y découvre leur rôle et vie avant et après la première guerre mondiale, ce que la société attendait d’elles… 

Ces divers personnages ont connu et subi les ravages de la guerre de manières très différentes : en tant que mère, père, sœur ou amante. Ils ont connu la perte d'un être cher ou alors voient les bouleversements dans leur vie suite à la guerre. Sans le corps de son enfant, une mère essaie de se remettre de son deuil et ainsi reprendre le fil de sa vie auprès de son mari tout autant endeuillé. Une jeune femme voit son frère survivant de la guerre n’être plus que l’ombre de lui-même, s’adonnant à l’alcool et aux soirées privées. La dernière jeune femme présentée travaille au bureau des pensions de l’armée, elle a perdu son fiancé dans cette guerre. 

Le titre du roman est particulièrement bien choisi puisque de fait l'auteur parle bien du chagrin de ses vivants - ou de ses survivants. Comment vivre quand on a connu la perte ou quand on a connu l'enfer des tranchées, du champ de bataille ? Comment renouer avec la vie quand l'être aimé est mort ? Chacun à leur manière essaie de passer à autre chose, de vivre leur quotidien sans - trop- penser aux défunts. Personnellement, j’ai aimé ce roman passionnant. Certes il parle de la première guerre mondiale mais il le fait avec un regard nouveau, celui des femmes. 

En bref, un roman historique qui se penche sur un triste moment de l’histoire mondiale mais qui le fait avec tendresse et subtilité. On se laisse emporter par la plume au gré des chapitres et on y ressent l’importance pour ses femmes de faire leur deuil, de regarder l’avenir et surtout de survivre à ce chagrin qui les hante chaque jour. 

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