Auteur : Pablo Medina
Traduit par Martine White
Genre : contemporain, littérature américo-hispanophone
Paru en juin 2020
253 pages
À Cuba, le village de la Piedra Negra se vide de ses hommes, partis faire la révolution. Il ne reste sur place que les lâches, les idiots et les vieux. Ceux qui reviennent, estropiés, dans le meilleur des cas, passent leur temps à boire l'eau-de-vie locale, qui a le pouvoir de procurer l'oubli à ceux en ont besoin. Aussi, la jeune Elena aide-t-elle son distillateur de père pour faire face à la demande croissante. Mais quand Elena apprend que ses deux frères ne rentreront pas, elle éprouve le désir d'enchanter le monde autrement que par l'ivresse. Elle se met à écrire de la poésie et déclame ses poèmes sur la place du village. C'est alors qu'elle rencontre Daniel Arcilla, célèbre poète révolutionnaire, qui va changer sa vie. Par amour, Elena quitte son village natal pour vivre à La Havane, où la censure fait rage. Mais dans cette ville qui fourmille d'espions, écrire l'expose à des dangers dont elle ignore tout.
Direction les années 60 à Cuba où la Révolution communiste prend le pouvoir et les hommes quittent les provinces pour rejoindre la capitale cubaine, La Havane, lieu phare des révolutionnaires. Elena habite justement une de ces petites villes typiquement cubaines connue pour sa distillerie, La Piedra Negra. Elle est poétesse et n'est pas très liée avec les autres qui ont l'habitude de se moquer d'elle et de ragoter à longueur de journée sur elle comme sur les autres. Dans un concours de poésie, elle gagne le prix et doit aller à La Havane pour se faire publier. Avant de partir, elle ne se doutait pas que ce voyage allait changer sa vie et lui révélait ce qu'il y a de pire comme ce qu'il y de meilleur dans le cœur des cubains.
Paru en 2019 dans sa version originale, Pablo Médina, poète cubain émigré aux Etats Unis dans les années 60 a choisi de renouer avec son pays d'origine dans ce roman où il dresse un portrait peu flatteur de son pays natal. Avec une écriture touchante quoique cynique, il raconte son pays et parvient à nous faire vivre le temps de la lecture la crise cubaine et la révolution. Il apporte une dose de romanesque avec Elena, un personnage qui quitte sa province et abandonne tout pour l'amour de la poésie mais pas que …
On y rencontre des personnages hauts en couleur ; faire confiance ou ne pas faire confiance, voilà l'état d'esprit des cubains qui ont érigé la délation au rang d'art et de tradition. Portée par la poésie et sa vie intérieure autant que par les rencontres qui tentent chacun de survivre dans une ville gangrenée par une dictature. Le tout forme un récit dépaysant à découvrir en été pour vivre encore plus intensément la chaleur de La Havane et la moiteur de Piedra Negra.
En bref, un roman que j'ai quitté avec des cœurs dans les yeux tant l'univers d'Elena m'a parlé et m'a emporté dans un ailleurs qui n'est certes pas enviable mais qui est clairement dépaysant.
"Il ne lui était pas venu à l'esprit, que dans le monde purement littéraire, le héros est enfermé dans l'attente , l'attente de l'amour, de l'action, de la résolution, de la fin. Ces héros et héroïnes sont nos doublures. " p. 187
"La délation était omniprésente et, de ce fait, il m'importait guère que vous gardiez vos distances avec vos amis ou non." p. 193
"Pour le tyran et ses sbires, il n'y avait de bonne poésie que celle qui célébrait la Révolution." p. 213
"- Tu es une rêveuse, Elena.
- D'abord tu rêves, ensuite tu espères, et enfin tu travailles pour que cet espoir devienne réalité. " p. 252
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