Genre : Bande dessinée
Editions : Delcourt
Coll. : Mirages
Année 2013
160 pages
Mon avis
Je le guette quand je suis aux retours à la médiathèque mais il est toujours réservé. Cet après-midi, je me rends à la médiathèque de la fac et je fais un tour aux rayons BD et je le vois là, trôner au côté des quatre tomes de la série Blast de Manu Larcenet.
Je ne suis absolument pas déçue du fait d'avoir craqué. J'ai gobé cette bande dessinée avec un tel plaisir. Durant la lecture, j'ai ressenti beaucoup d'émotions : de la surprise, à l'effroi, de l'angoisse à la frustration, du plaisir à l'horreur. J'en suis ressortie mortifiée - surtout en sachant que c'est une histoire inspirée de faits réels - !
L'histoire commence juste avant la Première Guerre Mondiale. Paul et Louise se rencontrent dans un bal musette. Tout de suite, c'est l'amour fou. Tout s'enchaîne et ils se marient. Cependant, les premières heures de la guerre sonne et Paul doit partir dans les tranchées. Il y verra l'horreur et la déshumanisation des soldats. Forte tête, il refuse de continuer à se faire tuer au nom d'une patrie qui en fait de la chair à canon. Il quitte le front et devient un déserteur de l'armée. Il doit se cacher et trouve un moyen qui le fait passer inaperçu : il devient femme du nom de Suzanne.
Le couple ainsi réuni va connaître autant de gloires que de déboires. Car personne ne ressort indemne de l'enfer des tranchées et Paul non plus. Il cache son traumatisme et très vite, tombe dans une débauche qu'il veut contrôler. Cette histoire est très poignante car elle n'épargne pas le lecteur et pourtant elle ne cherche pas à nous faire prendre pitié du jeune couple. On les suit dans Paris et dans les coins pas les plus glorieux de la capitale ; on suit surtout Suzanne, personnage extraverti au grand dam de Louise, plus discrète.
Voici pour l'histoire, mais les dessins eux aussi sont magnifiques. On les dirait fait au fusain. La dessinatrice décloisonne l'histoire grâce à des cases de différents formats. Il en va de même pour les teintes : en noir et blanc pour l'essentiel mais certaines touches de couleur apparaissent par ci par là. Ainsi, la robe rouge de Louise devient vite la robe rouge de Suzanne. J'adore également les cases déstructurées petites, grandes, arrondies, en fondu ... Autre point que j'ai apprécié : la première planche. Celle-ci commence en analepse - c'est à dire que la narration revient sur des faits antérieurs après la première planche. Je vous explique ce qui m'a fait sourire dans la première planche : un juge se déshabille pour enfiler une robe ... même si sa robe est celle du barreau et non une robe féminine car c'est ce même juge qui "juge" les actes de Paul comme répréhensibles. J'ai eu l'impression que par cette représentation, Chloé Cruchaudet faisait un pied de nez à tous ces bons penseurs qui jugent avant de regarder ce qu'ils font chez eux.
Cette bande dessinée a été un véritable coup de cœur. Je crois même que je vais me l'acheter pour pouvoir la relire plus tard et déguster les dessins encore et encore. Je me dois quand même d'émettre un avertissement : cette bande dessinée n'est pas à mettre entre toutes les mains ; certains dessins sont vraiment crus et d'autres dépeignent une réalité trop souvent oubliée quand on parle de la Première Guerre Mondiale (je parle bien sûr de la représentation des gueules cassées).
Une planche que je trouve "juste" SU- BLI- ME |
La planche est vraiment sublime comme tu dis. Tout ça me donne envie de renouer avec la BD, merci :)
RépondreSupprimerJustement, si tu dois renouer avec le genre, cette bande dessinée peut être une très belle approche. On en prend pleins les yeux malgré une histoire difficile et des thèmes encore tabou. Si tu la lis, je serais heureuse de connaître ton avis ;)
SupprimerMerci d'être passée sur le blog :) Bon après midi
très beau merci
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