[ 404 not found de Hervé Decca ]


Auteur : Hervé Decca
Genre : policier
Editions Actes Sud
Coll. Actes noires
Année 2012
304 pages 

Résumé 


Mai 2005. Sur l’avenue qui sépare le lycée Ravel de la cité Presov, une jeune fille disparaît. Le groupe de policiers chargé de l’enquête découvre le quotidien de l’adolescente : la tour HLM, la chambre qu’elle partage avec son petit frère, le blog, les strings. Et le bulletin de notes : “Trimestre catastrophique. Passage inenvisageable.”


Mon avis 


Quand un élève me l'a rendu au boulot, j'ai été intriguée par le titre qui, tout de suite, m'a rappelé le message d'erreur sur internet. Je m'attendais, de ce fait, à une histoire où l'informatique y aurait une place très importante, voire au cœur du récit. 

Mais en fait pas du tout ! Certes, le monde numérique y a sa place et notamment quand il est question des pratiques des jeunes et des risques qu'ils prennent sur le numérique (extimité, réseaux sociaux, blogs, plateformes de vidéos etc). Mais ce récit est avant tout la recherche de la jeune Déborah, disparue. Dans un décor de HLM, des personnages se fondent et tentent de rester discrets. D'ailleurs, j'ai remarqué la jeune Lila qui doit obéir à son grand frère et à son petit frère. J'ai été révoltée que ces derniers lui dictent sa conduite et que ce n'est pas un cas isolé. Dans cette banlieue du Val de Marne qui nous est dépeinte, on voit l’extrême pauvreté des habitants mais également une tension entre eux qui ne fait qu'accroître au fil des pages et qui finit par la crise des banlieues de 2005 (voitures brûlées, policiers et pompiers caillassés etc).


Dans ce roman, nous avons trois visions de la banlieue et de ses habitants : celle de Lila, la jeune fille de foi musulmane qui souhaite devenir professeur de français mais qui est soumise à ses frères, les flics (bons, méchants, racistes) et les professeurs.

Ce roman policier aurait pu être une bonne lecture si l'auteur ne m'avait point énervé sur quelques points. Premier point : l'auteur est un ancien professeur de français et on ressent bien dans ce roman sa vision très "éducation-nationalée". C'est un discours qu'on connaît, un discours que l'on reproche d'ailleurs aux enseignants. Il n'y a pas de critiques des professeurs ni de réflexions sur les actions des professeurs (ils ont raison et toujours raison ...). Par ailleurs, cet écrivain n'a pas dû mettre les pieds dans un CDI (deuxième point négatif). Dans les CDI, ce sont des professeurs- documentalistes ! Et non, des documentalistes ; ce ne sont pas les mêmes missions ni le même regard sur le métier. Ensuite, la "documentaliste" n'est pas toujours une femme, n'est pas aigrie et ne se plaint pas toujours et certainement pas à ses collègues professeurs de discipline (on se plaint entre nous, au moins comme ça on se comprend entre nous !). De même la "documentaliste" n'est pas gardienne d'un temple sacré de livres comme l'a supposé l'auteur. Bref, ces propos explicites autant qu'implicites m'ont fait enrager car encore un professeur de discipline qui pense que les "dames du CDI" sont des gardiennes d'adolescents et de livres. Dernier point, dans les médiathèques municipales, ce ne sont pas des documentalistes mais des bibliothécaires. Encore une fois, pas le même métier ni les mêmes missions. 

Je vous entends dire que je chipaille sur des détails mais cette pensée que l'auteur a écrit sur le papier fait partie des revendications des professeurs documentalistes : être reconnu comme des professeurs ET des documentalistes. Nous menons des séances, établissons des projets, travaillons en collaboration autant qu'un professeur de discipline. Bref, je ne vais pas m'étendre sur cela dans cet article ^^ 

Du coup, je vous avoue, que ce livre ne m'a pas plus enchanté que cela. C'est vrai que j'ai été vite intriguée par la disparition de l'adolescente et j'ai voulu savoir s'ils allaient la retrouver (et tant mieux car, sinon, j'aurais abandonné purement et simplement la lecture). Hormis Lila, pour qui j'ai ressenti de la pitié, je n'ai pas été sublimée plus que cela par les personnages. D'ailleurs, je les ai trouvés très stéréotypés. Je n'ai pas été plus intéressée que cela et la fin m'a semblé lourdingue avec le flic "raciste" et les événements des banlieues, quoique vraisemblables car ce sont des faits réels, sont récités comme un fait divers de coupure de presse. 

En bref, pas vraiment transportée par ce roman policier et agacée par certains points dans l'histoire, je n'ai pas accroché plus que cela et n'en recommande pas vraiment la lecture. Dommage car, moi qui voulais bien faire un "effort" pour lire un policier... Raté !

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