Genre : contemporain, littérature française
Editions Actes Sud
Coll. Domaine français
Paru en janvier 2016
224 pages
Paru en poche dans la collection Babel en janvier 2018
Résumé
Léo est un jeune homme d'une vingtaine d'années qui habite porte Saint-Ouen et travaille dans une imprimerie. Léo cache un lourd secret : il ne sait ni lire ni écrire. Après un accident, il se lie avec Sybille, une voisine infirmière qui le soigne...
Mon avis
Feuilleté un peu par hasard, les lignes captées ici et là m’ont donné envie de lire ce roman et de découvrir par la même occasion l’auteur, Cécile Ladjali.
Dans ce roman somme toute assez court, Cécile Ladjali nous conte l’histoire et la vie de Léo Cramps, jeune homme illettré d’une vingtaine d’années qui, par ironie du sort, travaille dans une imprimerie. Chaque jour, il voit défiler devant ses yeux des caractères et des mots dont il est incapable de saisir le sens. Un jour dans son immeuble, il croise la belle Sybille venue soigner le jeune homme après un accident. Elle se doute rapidement de l’handicap du jeune homme et elle propose avec tendresse au jeune homme solitaire une aide pour réapprendre. Mais peut-il vraiment apprendre à lire à son âge ?
L’auteur, Cécile Ladjali, propose ici le récit d’une vie bouleversée au quotidien par l’illettrisme. Elle montre comment cet handicap invisible isole les gens. Comme Léo, la honte et l’humiliation les serrent dès qu’il s’agit de lire un courrier, un panneau d’affichage sur une porte ou une simple mise en garde au travail. Léo trouve alors refuge dans les images, il veut montrer à Sybille comment il voit le monde…
Si le sujet abordé est vraiment d’utilité publique car il rappelle que lire n’est pas acquis par tous et que ce fléau - malgré la scolarité obligatoire - existe encore de nos jours et touche, en 2013 et selon l’ANLCI, 7% de la population française. Derrière les chiffres pourtant, se cache un profond mal-être mis en lumière ici dans un récit touchant et très bien écrit - peut-être un peu trop si l’on considère que Léo en est le narrateur.
De plus, Léo a une façon très particulière voir le monde. Il voit une certaine poésie dans tout ce qu'il croise et en tant que narrateur de l'histoire, il nous fait percevoir son univers très particulier. Comme il ne peut pas s’appuyer sur les lettres et les mots. Il est donc attentif et a entraîné sa mémoire à se souvenir des rues, des numéros, des caractères et tout ceci sans en saisir le sens. Il a une mémoire photographique, il compte les arrêts de bus et ses pas…. Il a développé des stratégies de survie en milieu citadin et cache son handicap au travail, à ses collègues comme à son employeur.
En bref, je trouve que ce récit est vraiment d’utilité publique car il rappelle aux lecteurs que tout le monde ne sait pas lire. Personnellement, je ne me vois pas ne pas lire ; on ne s’en rend pas forcément compte mais la vie quotidienne nous force à lire, que ce soit dans les rues, à la maison dans les publicités / courriers / films etc. On ne s’en rend pas forcément compte mais tout comme être sourd dans un monde d’entendants, être illettré dans un monde de “sachant lire” est tout aussi handicapant… Récit à lire !
Plus d’infos sur :
Commentaires
Enregistrer un commentaire