[ Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher ]

Auteur : Timothé Le Boucher
Genre : bande dessinée, thriller
Editions Glénat
Coll. 1000 feuilles
Paru en septembre 2017
192 pages

Mon avis


Pour diverses raisons, je m’intéresse énormément à l’actualité BD. En septembre 2017, lorsqu’est parue cette bande dessinée et lors de sa médiatisation au Festival d’Angoulême en janvier 2018, je ne pouvais pas passer à côté...et d’ailleurs, cela aurait été dommage de la rater ! Sélectionnées dans les listes du festival, les planches glanées ici et là sur les sites internet et les magazines m’ont donné envie de la lire.

Je dois bien avouer que l’histoire m’a complètement désarçonnée. Même si globalement, j’avais lu des résumés à droite à gauche, ils ne rendaient pas vraiment hommage à ce récit qui est bien plus profond que ce à quoi j’aurais pu m’attendre.

En effet, Timothé Le Boucher met en scène une histoire d’abord très réaliste. Lubin, acrobate dans un cirque, fait la course en vélo avec son ami mais, un accident est vite arrivé et Lubin tombe sur le crâne. Des événements étranges se mettent alors en place ; Lubin ne se réveille pas le lendemain mais le surlendemain et ainsi de suite, un jour sur deux il est absent de sa vie. Très rapidement, il se rend compte qu’un autre que lui a pris possession de son corps lors de ces absences. Avec ses amis circassiens, sa petite amie et une webcam, il rentre en contact avec son alter ego qui est son total opposé… Les mois et les années passent et Lubin avec son alter ego vivent en harmonie ...enfin presque…

Je ne peux pas vous en dire plus sur l’histoire car c’est là que l’histoire est la plus intéressante. On plonge dans un univers d’anticipation où des ellipses narratives nous font sauter quelques jours, mois années … En tant que lecteur, on est placé du côté de Lubin. On a son point du vue sur sa vie et sur ces apparitions - ou ses disparitions au choix - ; on finit par s’attacher à lui, à ressentir de l’empathie pour lui et pour sa vie qui n’est plus vraiment la sienne. Rêveur et naturel, son unique ambition est de réussir au cirque. Il n’est pas attiré par l’argent et le profit au contraire de son alter ego qui lui va profiter de ce temps qui lui est offert pour monter une entreprise. Lubin est vite en détresse et veut reprendre le contrôle de sa vie et de son corps !

En plus de ce côté anticipation - que j’ai peut-être justement trop anticipé dans cet avis lecture -, j’ai beaucoup aimé le côté thriller psychologique. On voit les rouages de la psyché de Lubin se mettre en place. On voit ses doutes, ses incertitudes, sa faiblesse et sa volonté de comprendre le phénomène. Son corps lui a-t-il toujours appartenu ou cet autre lui a-t-il toujours été là ?  Au fur et à mesure que le récit passe, les ellipses éclipsent des jours, des mois, des semaines et puis des années. Autant d’heures et de jours que Lubin ne vit pas. Il ne se voit pas vieillir et voit ses amis faire leurs vies, s’éloigner de l’autre Lubin qui n’en a rien à faire de respecter la vie de Lubin.

Quant aux dessins, j’ai aimé ces dégradés de roses et violets. Timothé Le Boucher joue avec les couleurs pour intégrer le temps qui passe et le narrateur qui parle - des fois, l’autre Lubin prend la parole dans des bulles jaunes qui lui sont bien spécifiques. Des fois pastels, des fois plus vifs et tranchants, j’ai aimé sa manière de représenter les corps et le temps qui passe sur lesdits-corps.

En bref, j’ai énormément apprécié la lecture de cette bande dessinée. Je l’ai trouvé très jolie avec un travail sur les corps, les courbes et les couleurs que j’ai apprécié. De même, j’ai trouvé la narration aboutie grâce justement à ce jeu de couleurs dans les planches. Quant à l’histoire, elle ne manque pas d’originalité même si la chute est un peu rapide, elle nous laisse quand même sans voix, presque frustrée par ce final …

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