[ On ne naît pas soumise, on le devient de Manon Garcia ]

Autrice : Manon Garcia 
Genre : Essai, Réflexion
Edition Flammarion
Coll. Climats
Paru en octobre 2018
272 pages




Même les femmes les plus indépendantes et les plus féministes se surprennent à aimer le regard conquérant des hommes sur elles, à désirer être un objet soumis dans les bras de leur partenaire, ou à préférer des tâches ménagères – les petits plaisirs du linge bien plié, du petit-déjeuner joliment préparé pour la famille – à des activités censément plus épanouissantes. Ces désirs, ces plaisirs sont-ils incompatibles avec leur indépendance? Est-ce trahir les siècles de féminisme qui les ont précédées? Peut-on attendre que les hommes fassent le «premier pas» et revendiquer l’égalité des sexes?



Dans le même style des lectures inspirantes de ces derniers mois, je continue ma réflexion sur la place de la femme dans la société avec ce tout nouvel essai paru en fin de l’année dernière et dont je ne cesse de parler à tout le monde - je me devais bien de venir en parler également ici.

Quand j’ai eu mon baccalauréat, je m’étais jurée de ne plus lire, faire et penser philosophie. Mais voilà, je me rends compte avec mon grand âge que finalement, ce n’est pas si inintéressant que ça tant qu’on lit des auteurs.rices qui savent comment nous intéresser. Dans cet essai, Manon Garcia est absolument captivante dans sa façon de déconstruire les concepts pensés par les hommes pour les hommes. ELle démonte la notion de domination pour prouver qu’il a existé et qu’il existe bel et bien une certaine soumission  de la femme à l’homme, une soumission qui est certes consentie mais qui n’est pas inhérente à la nature féminine. Comment peut-on accepter cette soumission ?

C’est là que l’on retrouve tout l’enjeu de la pensée développée par Manon Garcia dans cet essai. Elle croise les penseurs de toutes les époques afin de dresser un état des lieux de la soumission féminine à travers le temps, les époques et les civilisations. De même qu’elle parle de Hegel, Kant, Husserl, Heidegger, La Boétie, Freud et j’en passe, l’essentiel de sa pensée est développé au travers l’ouvrage féministe Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, un ouvrage qu’elle décortique et dont elle n’hésite à en montrer les limites.

Avant, je n’aimais pas lire les essais parce qu’il fallait réfléchir, s’arrêter, prendre le temps de noter, chercher et réfléchir à ce qu’on y lit. Je manquais alors sans de patience et de rigueur mais ces derniers temps, j’adore me plonger dans les essais et fournir l’effort de lecture qui est nécessaire à la compréhension de l’ouvrage. Ici, je dois dire que j’ai bien pris le temps de lire et de noter toutes les idées dont j’avais envie de me souvenir. Après la lecture de cet essai, il y a tellement de choses qui me sont apparues comme claires et comme réelles, des événements ou des discussions du quotidien auxquels on ne prête pas gaffe et puis en y repensant, il nous saute aux yeux que l’interlocuteur n’était pas du tout bienveillant et était, au contraire, bien paternaliste pour expliquer quelque chose que l’on savait déjà et c’est là qu’on rentre dans ce jeu de domination/soumission expliqué par l’autrice dans cet ouvrage.

Sincèrement, je ressors de cette lecture grandie et beaucoup plus clairvoyante et alerte sur les faits du quotidien. Je n’hésite plus à m’affirmer et j’ai l’impression que cet ouvrage a eu un profond déclic sur ma perception du monde. La lecture a presque été une claque tellement elle m’a permis de me recentrer sur ma féminité tout en repensant ma position autant dans ma vie personnelle que professionnelle.

En bref, une lecture coup de poing, une lecture d’utilité publique. A lire, à faire lire et à réfléchir !

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