[ La nuit des béguines d'Aline Kiner ]

Autrice : Aline Kiner
Genre : fiction historique 
Editions Liana Lévi
Coll. Piccolo n°143
Paru en septembre 2018
336 pages




Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l’arrivée d’une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d’un inquiétant franciscain… Alors que le spectre de l’hérésie hante le royaume, qu’on s’acharne contre les Templiers et qu’en place de Grève on brûle l’une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut, mais aussi leur indépendance et leur liberté.


Grâce au compte instagram Tassa dans les Myriades de la blogueuse Une française dans la lune, j’ai découvert ce roman historique qui m’a fait sortir dans mes lectures habituelles malgré des thèmes qui me parlent fortement. C’est vrai qu’en littérature générale, je ne lis que trop peu de romans historiques, préférant les romans de Medieval fantasy tels que les séries proposées par David Eddings ou bien Terry Goodkind. Il s’agit donc d’ici d’une deuxième lecture dans le genre - j’ai lu et adoré infiniment Les Piliers de la Terre de Ken Follett.

En l’an 1310, un groupe de femmes a le droit de vivre comme elles le souhaitent, pouvant apprendre à lire, à écrire ou exercer un travail ; ce sont les béguines. A mi-chemin entre les nonnes et les femmes du peuple, chaque jour qui passe, elles vivent retirés au béguinage. Un endroit où les femmes religieuses dévotes ou laïques peuvent se livrer aux activités de leurs choix. Mais cette liberté ne plaît pas à l’Eglise qui voit en elles, des femmes à la fausse-piété et qui n’apprécie pas que des femmes puissent être libres de leurs choix. Le couperet tombe lorsque Marguerite Porete écrit et imprime un ouvrage jugé trop libre - libertaire-  par l’Eglise qui voit en cette liberté une menace. La vie des béguines en est bouleversée et la présence de Maheut, jeune fille rousse en fugue, va remuer ce petit monde bien ordonné en plus de cet écrit de Marguerite Porete, béguine du Hainaut.

Dans ce roman, l’autrice maîtrise parfaitement l’art de la narration et crée tout un univers autour de personnages autant fictifs qu’emblématiques. On y découvre l’envers du béguinage de Paris autant que les rues de Paris de l’époque. J’ai aimé me plonger autant dans la mini-société créée au sein du béguinage autant que découvrir la politique de l’époque et l’impact du religieux sur cette vie politique avec les conciles et notamment celui de Vienne. On y découvre un Moyen-Âge d’une modernité folle bien loin des idées reçues sur l’époque.

Ce roman m’a incroyablement marqué par le foisonnement de détails sur l’époque qui montre à quel point Aline Kiner s’est renseigné en amont de l’écriture. Elle mêle faits et personnages réels à des temps et personnages fictifs avec brio ; on devine mal là où commence le fictif et où s’arrête le réel. J’aurais aimé que certains personnages aient vraiment existé. Elle m’a donné envie de me renseigner sur les béguinages, voire même d’en visiter. Je regrette que ces lieux n’existent plus actuellement en France même si on peut deviner leur influence plus ou moins lointaine sur la création de certains cercles de femmes.

En bref, il s’agit ici d’un vrai coup de cœur pour moi. Il m’a marqué, m’a bluffé, m’a ouvert d’autres horizons et surtout m’a appris énormément de faits et de choses diverses sur la vie au Moyen-Age, une époque beaucoup moins sombre que ce à quoi on peut s’attendre - même si elle est loin d’être une époque de faste, je je pense que notre époque est loin d’être plus glorieuse.



Commentaires