[ Reste avec moi d'Ayobami Adebayo ]

Autrice : Ayobami Adebayo
Genre : littérature africaine, contemporain
Editions Charleston
Paru en janvier 2019
320 pages




Yejide et Akin vivent une merveilleuse histoire d'amour. De leur coup de foudre à l'université d'Ifé, jusqu'à leur mariage, tout s'est enchaîné. Pourtant, quatre ans plus tard, Yejide n'est toujours pas enceinte. Ils pourraient se contenter de leur amour si Akin, en tant que fils aîné, n'était tenu d'offrir un héritier à ses parents. Yejide consulte tous les spécialistes, médecins et sorciers, avale tous les médicaments et potions étranges… Jusqu'au jour où une jeune femme apparaît sur le pas de sa porte. La seconde épouse d'Akin. Celle qui lui offrira l'enfant tant désiré. Bouleversée, folle de jalousie, Yejide sait que la seule façon de sauver son mariage est d'avoir un enfant. Commence alors une longue et douloureuse quête de maternité qui exigera d'elle des sacrifices inimaginables.


Grâce aux éditions Charleston, j’ai découvert ce roman nigérien qui m’a de suite plu grâce aux thèmes forts qu’il aborde, le mariage, les traditions et la maternité - et plus particulièrement le désir de maternité. Ayobami Adebayo nous livre un roman d’une force qui hante les esprits bien après l’avoir terminé.

Dans ce roman, elle présente Yéjide et Akin, un couple moderne nigérian tiraillé entre le poids des traditions et la modernité. Ils s’aiment mais leur couple est mis à rude épreuve lorsque la famille d’Akin décide qu’il est grand temps pour lui de prendre une seconde épouse qui lui donnerait enfin l’enfant attendu. Yéjide vit très mal l’apparition de cette femme qui ne fait que lui rappeler son échec à devenir mère. Poussée par les propos et l’attitude de sa belle-famille et de cette seconde femme, Yéjide va tout bonnement devenir obsédée par ce désir de maternité.

L’autrice nigériane Ayobami Adebayo alterne les points de vue entre Akin et Yéjide. Elle dévoile plus volontiers les pensées et les sentiments de Yéjide, Akin se dévoilent plus lentement et apparaissant comme beaucoup plus mystérieux quant à ses choix de vie. Le passé de Yéjide nous est rapidement dévoilé, il nous permet de mieux comprendre pourquoi ce désir de maternité prend autant de place chez elle. Akin, lui ne se révèle vraiment que dans la dernière partie du roman où l’on apprend à le découvrir mais surtout à comprendre pourquoi il s’est comporté comme cela avec Yéjide. Ils sont d’autant plus touchants qu’au fil des pages, on les comprend petit à petit et on comprend notamment le poids des traditions qui pèse sur chacun de leurs choix. Le passé et le présent s'affrontent pour dévoiler les non-dits, révéler la vérité et surtout réparer ce qui a été cassé.

C'est beau, ça change de tout ce que j'ai pu lire sur le thème - même si ça laisse un petit goût de frustration : frustration de l'avoir fini bien trop vite, frustration de ce temps perdu ou gâché et frustration de quitter ces personnages que l'on a suivis tout au long du roman. Pour moi, c’est un coup de coeur car j’y ai découvert un personnage féminin brisé par la société qui lui impose d’être mère pour être femme, sa belle-mère lui reprochant sans cesse que si elle ne donne pas vie elle n’est pas une femme (!). C’est violent, à une époque troublée. Mais c’est beau et une fois terminé, le récit m’a laissé comme une empreinte. J’y reviendrais, je le relirai un jour c’est sûr.


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