[ Girl d'Edna O'Brien ]

Autrice : Edna O'Brien
Genre : littérature anglophone, littérature contemporaine, drame
Editions Sabine Wespieser
Paru en septembre 2019
250 pages

-> Grand Prix du Jury Femina 2019




S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité.


Je ne sais plus pourquoi j'ai lu ce livre mais je ne regrette pas mon choix. Dans ce roman, Edna O'Brien s'empare d'un fait divers qui a marqué le monde par sa violence : l'enlèvement d'un groupe de lycéennes au Niger par le groupe terroriste Boko Haram. 

L'autrice choisit pour incarner son roman le personnage de Maryam, une des lycéennes nigérianes. Nous la suivons dans l'enfer du camp où les jeunes filles sont réduites à l'esclavage, violées, mariées de force, vendues et/ou tuées. Elle donne une voix à ces jeunes filles qui n'ont jamais été retrouvées - du moins vivantes. Elle leur redonne vie et leur offre l'humanité qui leur a été volée. 

La première partie du roman, celle qui décrit la vie dans le camp et les exactions des hommes sur les femmes au nom d'un dieu, est d'une violence qui écœure et qui révolte. Mais, personnellement, la seconde partie est celle qui m'a le plus touchée car elle raconte la fuite du camp et le retour de Maryam auprès des siens avec son enfant né d'un mariage forcé à l'un des soldats du groupuscule terroriste. Maryam révèle alors des failles qu'elle cachait jusqu'alors pour n'être que force et abnégation dans les camps où elle n'est considérée comme un amas de chair sans âme ni personnalité. 

On pourrait considérer Maryam comme un être froid tellement la narration la montre assez distante de ce qu'elle raconte mais je pense que c'est sa manière à elle de survivre à ce qu'elle a vu et ce qu'elle a vécu lors de son enfermement au camp autant que lors de sa fuite ou de son retour parmi les siens. Je l'ai trouvée très courageuse cette Maryam et la vie ne lui fait pas de cadeau ... 

Pour moi, ce roman a été une véritable claque, un de ses romans qu'on oublie jamais vraiment. Un roman nécessaire pour rappeler à quel point les religions - toutes les religions - sont nauséabondes et inhumaines dans beaucoup de leurs aspects. Chapeau à Edna O'Brien qui arrive à se mettre dans la peau d'une des ses lycéennes et qui parvient à donner voix au groupe à travers Maryam. Maintenant j'ai envie de découvrir les autres romans de l'autrice ... 

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