[ Le bûcher de Perumal Murugan ]

Auteur : Perumal Murugan
Genre : drame, littérature indienne, contemporain
Editions Stéphane Marsan
Paru en janvier 2020
213 pages


Kumaresan n'est encore qu'un enfant lorsque son père trouve la mort dans un accident. Fils unique, c'est à lui qu'il revient de prendre soin de sa mère et d'assurer sa subsistance dans le village isolé du sud de l'Inde où il a vu le jour. Alors il va travailler à l'usine, met le soda en bouteille, et va le livrer à bicyclette dans les échoppes le long de la route. C'est là que, des années plus tard, il fait la rencontre de Saroja. Tout à coup, c'est l'amour fou. Mais c'est aussi un amour interdit, car Saroja n'est pas de la même caste que lui...



Grâce aux éditions Stéphane Marsan, je découvre ce roman d’un auteur indien qui m’a littéralement ébranlé - et on est qu’en janvier. 

Kumaresan quitte sa mère et son village natal pour se rendre en ville et travailler ; il est embauché comme vendeur de soda et parcourt la ville d’échoppe en échoppe. Sur sa route, il croise la très belle Saroja qui n’appartient pas à la même caste que lui. Ils vont tous les deux vivre le coup de foudre, celui qui va leur faire prendre des risques et qui vont les pousser à retourner, unis clandestinement l’un à l’autre, au village de Kumaresan, mais l’accueil est loin d’être celui imaginé par le jeune homme … 

Quand j’ai commencé ce roman, j’ai été désarçonnée par le style de l’auteur - car je pense que la traductrice Emmanuelle Ghez a fait un travail remarquable pour respecter le texte original, le ton comme le style. Le premier chapitre s’ouvre directement sur la fuite des deux jeunes gens hors de la ville pour rejoindre le village de Kumaresan. On ressent la crainte de Saroja et l’espoir de Kumuresan, il a confiance en les villageois qu’il connaît depuis son enfance. Chaque jour il cajole sa femme pour la réconforter et pour la rassurer… mais le temps passe et l'humiliation ressentit par les villageois ne s’affaiblit pas. 

Une fois le style absorbé, j’ai dévoré ce roman. J’ai trouvé passionnant de découvrir une nouvelle culture, d’autres traditions, et je n’ai eu aucun mal à imaginer ce qui nous est décrit les paysages, les personnages, les vêtements comme les coutumes. On se prend vite au tourbillons d’émotions des personnages, de la tristesse et solitude de Saroja, à l’espoir et l’acharnement de Kumuresan en passant par les plaintes funèbres de la mère de ce dernier. L’amour du jeune couple est au cœur de tout. Au début timide, les sentiments deviennent de plus en plus forts dans la trame narrative pour finir en apothéose si je puis dire. 

Ce roman m’a retourné, notamment la fin qui va sans doute en déstabiliser plus d’un - il s’agit d’une fin ouverte et à nous, lecteur, d’imaginer le tournant que peut prendre la vie de ses personnages. C’est un vrai choc même si ces derniers instants de lecture résonnent avec le titre et avec un passage placé au début du roman. 

En bref, un très beau roman émouvant que je conseille à tous ceux qui ont aimé : Le palanquin des larmes de Ching Lie Chow ou Fleur de Neige de Lisa See. On peut dire chapeau à la traductrice qui a fait un travail remarquable dans la restitution d'une culture et d'un pays. 


“Je ne sais pas de quelle caste tu es, mais fais bien attention avec ces gens. [...] Un ou deux cousins éloignés pourraient passer à l’occasion. Pas grand monde en dehors de ça. Mais du côté de sa mère, ça grouille comme des vers de terre dans le coin. Des oncles et des grands-oncles en pagaille. Ils seraient capables de t’étrangler, puis d’appliquer la teinture bleue sur ton corps pour faire croire que tu as été mordue par un serpent venimeux. Tu ne peux pas compter sur Nondi pour te protéger. Ils attendront qu’il s’absente et, à la première occasion, ils en profiteront pour te chasser. Ils sont capables du pire. Prends garde.” page 64

Commentaires

  1. Ah bah tu cites deux romans coup de cœur... il me faisait déjà envie avant, mais maintenant je meurs d'envie de le lire !!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire