[ De mort lente de Michaël Mention ]

Auteur : Michaël Mention
Genre : contemporain, littérature française
Editions Stéphane Marsan
Paru en mars 2020
400 pages


Ils sont partout, mais c'est un secret bien gardé. Dans votre nourriture, vos meubles, les jouets de vos enfants. Vous êtes empoisonné, mais vous ne le savez pas encore. Tant que leur degré de toxicité ne sera pas démontré, les perturbateurs endocriniens continueront de se répandre dans notre quotidien.
Il n'y a encore pas si longtemps, Marie, Nabil et leur fils étaient heureux. Philippe était un éminent scientifique. Franck était un journaliste réputé. Désormais, ils sont tous des victimes. Aucun d'eux n'est de taille à lutter contre le puissant lobby de l'industrie chimique. Tout ce qu'ils exigent, ce sont des réponses. Mais ils posent des questions de plus en plus gênantes... C'est le début d'une guerre sans pitié, de Paris à Bruxelles, de la Bourse à la Commission européenne, où s'affrontent santé publique et intérêts privés.


Avant de commencer, je remercie Stéphane Marsan éditeur pour la découverte de cet auteur et de ce roman. 

Avec De mort lente, je découvre totalement la plume de l'auteur qui a pourtant fait grand bruit avec son précédent roman Power, paru également chez Stéphane Marsan éditeur. Ici Michaël Mention ne quitte pas l'univers du roman politique mais dénonce cette fois-ci l'emprise des lobbies sur les décisions politiques. Pour cela, il décide de donner idée et chair à différents personnages venus d'horizons différents et ont chacun des parcours qui leur sont propres : Marie, Nabil et Léonard qui représentent la famille ordinaire, Philippe le scientifique engagé dans une commission scientifique européenne et Franck, un journaliste environnement du Monde. 

Chacun à leur manière est impacté par les perturbateurs endocriniens - ces éléments environnementaux de synthèse ayant une action sur le système endocrinien des êtres vivants. Marie souffre d'hypothyroïdie et son fils Léonard est autiste, Philippe se bat contre les lobbies pharmaceutiques avec la Commission scientifique européenne chargée d'établir la dangerosité de ces produits pour la santé et Franck cherche à dénoncer dans un article de presse les maladies des citoyens au contact de ces substances de synthèse. Ils choisissent de lutter à leur manière et avec leurs possibilités pour que ce scandale sanitaire soit connu de tous. 

A chacun de ses personnages, l'auteur leur donne une voix. Ils deviennent réels car ont une vraie personnalité, une façon de s'exprimer qui leur est propre et cela permet de savoir facilement qui parle et de ne pas perdre le fil de ce roman choral qui sonne incroyablement authentique. 

En effet, l'auteur se base et mentionne certains événements qui se sont réellement passés, comme les attentats de 2015, mais il y a une part d'inventivité et de fiction qui reste intacte. On suit alors le périple de chacun des personnages dans ce qui s'annonce être un véritable enfer et qui, d'ailleurs, en a tous les visages. C'est fictif mais l'histoire qui a une saveur d'authenticité captive autant qu'elle choque. Car oui, ce roman est un pur page-turner qu'il est difficile de lâcher une fois commencé. On le lit les yeux grands ouverts, le choc sur la rétine et l'ulcération de pratiques déloyales de ces firmes aux pouvoirs infinis…. 

En bref, un roman dur, brutal, vif qui se dévore avec avidité et encore plus quand on est sensible aux problèmes sanitaires, environnementaux et économiques de ces grandes entreprises dont le bien commun indiffère au plus haut point, lui préférant le profit…

Commentaires