Auteur : David Lopez
Genre : contemporain, littérature française
Paru en janvier 2019
237 pages
Lu pour les #68premieresfois
Fumer des spliffs pour tromper l’ennui, fréquenter une femme qui ne veut partager ni ses jours ni ses nuits, boxer comme une danseuse pour ne pas s’en prendre une. Vivre planqué, c’est la spécialité de Jonas. Et trahir son potentiel, une affaire de famille. Heureusement il y a la bande : Ixe à la main verte, Poto le poète illettré, Lahuiss l’intello... Jonas se décidera-t-il à quitter son fief ?
Fief, c'est le quotidien de Jonas, narrateur et conteur de son quotidien. Il raconte ses parties de cartes avec ses amis d'enfance, ses aprems à fumer des joints ou à s'entraîner à la boxe - échappatoire à la vie comme à l'ennui.
David Lopez, usant de la voix de Jonas, se sert du langage familier propre à l'oral : ses codes, sa syntaxe, son vocabulaire, ses répétitions. Par ce procédé, on rentre dans la tête et la peau de Jonas. On l'entend nous parler de ce qu'il vit, ce qu'il vit et ce qu'il ressent.
De sa bande de potes à son père en passant par son plan cul, des personnages très différents nous sont présentés par leur surnom qui reflète une partie de leur personnalité ou un trait de leur caractère qui les suivent depuis leur enfance. Enfermés dans ce quotidien, Jonas est hanté par cette question que tout le monde lui pose : et maintenant, que faire de sa vie ?
Dur de réfléchir à l'avenir quand autour de nous, le monde stagne dans l'ennui et la fumette. Voilà tout l'enjeu de l'histoire de David Lopez ; il prend la voix d'une génération désillusionnée en perte de repères et en quête d'un sens à la vie. Dans leur confort quotidien, ils s'enferment …
De ce fief populaire et enfumé, Jonas peut s'en sortir grâce à la boxe, briser les murs, combattre, résister pour exister loin de ce qui l'enclave. Parviendra-t-il à s'affranchir des limites qu'il s'est imposé ? Vous le découvrirez quand vous lirez ce roman…
Personnellement, j'ai été désarçonnée par le style qui, comme je l'ai déjà dit, s'affranchit des codes de la littérature, malmenant la langue écrite pour l'écrire oralement. David Lopez n'hésite pas à insérer de l'argot, le parler typique de la classe populaire boudée en littérature. Si au départ, il faut un petit temps d'adaptation, on s'y fait très vite et on les imagine là animés par l'ennui et les désillusions du quotidien. J'ai particulièrement aimé la scène de dictée mais ça, je vais vous laisser la découvrir quand vous le lirez ;)
En bref, un roman oral lu d'une traite tellement on se prend vite au jeu de l'écriture, au vocabulaire comme au style oral de David Lopez. Merci les #68premieresfois
"Ça ne fait pas une heure que je suis là que déjà je me sens dans mon élément. L'ennui, c'est de la gestion. Ça se construit. Ça se stimule. Il faut un certain sens de la mesure. On a trouvé la parade, on s'amuse à se faire chier. On désamorce. Ca nous arrive d'être frustrés, mais l'essentiel pour nous c'est de rester à notre place. Parce que de là où on est on ne risque pas de tomber." p. 45
"Ce n'est pas un bourrin Lahuiss, il sait choisir ses mots. Assez caillera pour ne pas se renier, assez distingué pour ne pas s'enfoncer. J'imagine bien que dans d'autres milieux il ne parle pas comme à nous. Il sortira d'ici tout propre. Alors que nous ce sont des bleus, des poumons encrassés et quelques neurones qu'on sème sur un chemin qui ne fait rien que tracer une boucle." p. 51
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