[ Sauf que c'étaient des enfants de Gabrielle Tuloup ]

Autrice : Gabrielle Tuloup
Genre : littérature française, contemporain, drame
Paru le 2 janvier 2020
176 pages

Lu pour les #68premieresfois


Un matin, la police entre dans un collège de Stains. Huit élèves, huit garçons, sont suspectés de viol en réunion sur une fille de la cité voisine, Fatima. Leur interpellation fait exploser le quotidien de chacun des adultes qui entourent les enfants. En quoi sont-ils, eux aussi, responsables ? Il y a les parents, le principal, les surveillants, et une professeure de français, Emma, dont la réaction extrêmement vive surprend tout le monde.

Tandis que l’événement ravive en elle des souvenirs douloureux, Emma s’interroge : face à ce qu’a subi Fatima, a-t-elle seulement le droit de se sentir victime ? Car il est des zones grises où la violence ne dit pas toujours son nom…


Tumulte au collège André Breton de Stains, Fatima, jeune fille des barres, porte plainte contre huit collégiens accusés de viol collectif. Adultes et adolescents sont sous le choc. A leur manière, ils réagissent à ce fait divers.

Dans ce roman, Gabrielle Tuloup aborde un thème dur qui démontre une certaine violence envers les victimes et pour le faire, elle fait parler différents protagonistes travaillant ou fréquentant l'établissement scolaire des accusés : le principal, le CPE, les surveillants et une professeure de français. On y voit brièvement la mère de Fatima et l'agent de police raconter ce qu'il se passe au plus près de Fatima, une jeune fille qui a eu le courage de témoigner, de ne pas se laisser faire ni abattre par le drame qu'elle a vécu. Au travers de ces témoignages, dans la première partie du roman, on y lit l'accablement, le doute, la remise en question et surtout l'incompréhension face à cette intervention survenue dans les locaux du collège. Elle interroge les consciences des personnages : victimes, coupables ?

Dans les deuxième et troisième parties du roman, Gabrielle Tuloup se concentre plus particulièrement sur la jeune professeure de français, particulièrement affectée par le drame de Fatima. Elle plonge à nouveau des mois en arrière dans son drame personnel ; elle remonte le fil jusqu'à l'irréparable, la confrontation de trop - celle qui l'entache et qui la fragilise et la rappelle à ses blessures personnelles… Dans la dernière partie - la troisième - elle fait la paix avec elle-même d'une bien étrange manière … mais je vous laisse découvrir quel chemin prend sa résurrection.

En bref, un roman percutant mais manque en efficacité. J'ai nettement eu l'impression qu'il manquait une partie à l'histoire pour en faire un roman sans ce petit goût d'inachevé - notamment autour du personnage de Fatima, le point de départ de l'histoire qui n'apparaît qu'en filigrane dans les pensées des personnages. J'aurais aimé connaître ses impressions sur ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent ; idem pour les huit collégiens, j'aurais voulu connaître leurs pensées et comprendre pourquoi et comment on en vient à faire cet acte odieux. 


"Deux poids, deux mesures. L'essentiel se jouait ailleurs. Il ne m'appartenait pas, à moi, de juger les responsables ou les victimes. Mais j'avais compris une chose : un acte est un acte. Et on avait le droit de lui donner en nom. " p. 160

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