[ Antoine Bloyé de Paul Nizan ]

Auteur : Paul Nizan

Nationalité : française

Genre : littérature française, classique

Editions Grasset

Coll. Les cahiers rouges

Paru en janvier 2005

308 pages

Lu pour les #68premièresfois


Elève consciencieux et intelligent, Antoine Bloyé ira loin. Aussi loin que peut aller, à force de soumission et d'acharnement, le fils d'un ouvrier et d'une femme de ménage. Ce n'est que parvenu au faîte de sa dérisoire ascension sociale qu'Antoine Bloyé constatera à quelles chimères il a sacrifié sa vie... 

Ecrit en 1933, Paul Nizan crée Antoine Bloyé un personnage, inspiré de sa vie, qui s'est élevé socialement dans la France des années 1880 jusqu'en 1920.

L'auteur écrit sobrement la vie d'Antoine Bloyé, de sa naissance en province à sa mort à "la ville". C'est donc un roman assez ambitieux car l'auteur s'est documenté pour coller à la réalité de l'époque avec des références à la politique, à la société et à l'économie du Second Empire et de la Troisième République (on parle aussi de la première guerre mondiale). On y voit la France et les grandes perturbations dans la vie des personnages, la famille d'Antoine, Antoine et ses amis. 

Moi qui ai une passion irraisonnée et inavouée pour cette période historique, j'ai été satisfaite de retrouver cette période dans un roman qui se veut être une critique de la société de l'époque et qui, plus est, est un roman rigoureux par le style - passé simple, un temps fort peu usité dans les derniers romans que j'ai eu l'occasion de lire -, par le vocabulaire et par l'ambition de Paul Nizan pour raconter la bourgeoisie. Le projet littéraire de ce roman m'a fait penser au travail d'Alain Corbin dans son texte, véritable travail de recherche qui retrace la vie d'un homme qui a vraiment existé au XIXème siècle, La vie retrouvée de Louis-François Pinagot (que je vous conseille au passage si vous aimez ce style de lecture).

En bref, je finis cette lecture hyper enthousiaste car j'ai lu ce roman - peut-être à tort - comme un texte d'étude historique, qui plus est plaisant à lire. Paul Nizan a surtout écrit ce roman comme une satire de la société de l'époque et plus particulièrement de la bourgeoisie. Humour noir à gogo et ça fonctionne très bien ! Il s'agit donc d'ici un roman d'époque qui plaira aux passionnés d'histoire moderne. Attention, il y a certaines connaissances pré-requises pour comprendre tout le propos de l'auteur, ne vous éloignez pas trop de votre dictionnaire historique ;) 



"Les gens partaient enfin et dans la rue, sur l'étendue de quelques mètres, retenaient l'élan et la sonorité de leurs pas, jusqu'à ce qu'ils fussent sortis du cercle magique où dominaient la présence et la puissance de la mort, jusqu'à ce qu'ils sentissent le droit de se réjouir d'être en vie : et ils respiraient soudain sans avarice et laissaient craquer librement leurs souliers." p. 25

"Un garçon qui étudie ne gagne pas, il coûte plutôt et les voisins critiquent votre ambition derrière votre dos, comme si vous les trahissiez, en essayant de faire échapper votre enfant à la dureté de la vie ouvrière." p. 73

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