[ Les impatientes de Djaili Amadou Amal ]

Autrice : Djaili Amadou Amal

Nationalité : camerounaise

Genre : contemporain, littérature camerounaise, fait de société

Editions Emmanuelle Collas

Paru en septembre 2020

252 pages


Prix Goncourt des Lycéens 2020


Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa soeur, est contrainte d’épouser son cousin. Patience ! C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?


Autrice camerounaise, Djaili Amadou Amal livre ici un roman sensible, à fleur de peau, à trois voix. Trois voix de femmes pour raconter la condition des femmes au Cameroun et plus particulièrement dans la communauté peule du pays, où les mariages forcés des jeunes filles, viol "conjugal" et violence de tous les jours qu'elles subissent de leurs maris comme des hommes de leurs familles (ou non d'ailleurs). 

L'autrice décide de lever le voile des coutumes et traditions qui ont lieu encore chaque jour sur les jeunes filles et femmes qui se retrouvent sous la domination des hommes et des pères au sens large. Elle-même victime des mariages forcés et de la violence, elle raconte son histoire mais décide de ne pas la faire que sienne en mettant au cœur de son récit trois personnages féminins qui usent de leurs voix pour conter l'indicible : le poids de la communauté, des règles qui engendrent des situations absolument dramatiques, voire tragiques. 

D'une voix forte et claire, Djaili Amadou Amal dénonce pour libérer la parole des femmes et les libérer de ces coutumes d'un autre temps. Elle explique tout le chemin de ces femmes qui "acceptent" de suivre le destin tracé par les patriarches, les hommes de la communauté. Engagée dans la vie comme dans son œuvre, l'autrice utilise sa plume et la littérature plus globalement pour marquer les esprits, le lectorat. 

C'est un roman dépaysant qui se lit sans s'arrêter tant les voix des personnages résonnent et portent tout le poids de ce "qu'on attend d'elles" : la patience (mais patience jusqu'où ?). Dans ces trois portraits de femmes, on ressent toute l'empathie et la douceur de l'autrice qui explique précisément les traditions et la vie dans une communauté peule musulmane du Cameroun : de l'analphabétisation des jeunes filles à leur mariage forcé avec des hommes plus âgés, déjà mariés et/ou violents. Ce qui est vraiment marquant dans ce roman, c'est la façon dont les femmes entre elles perpétuent cette rivalité, ces violences voire même les exacerbent, au nom d'une dignité, d'une patience qu'elles s'inculquent et se répètent jusqu'à la nausée… 

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