Nationalité : française
Genre : littérature française, contemporain
Paru en avril 2021
175 pages
Catherine Robert livre avec La caresse du loup, un roman très fort où elle parle de pédophilie à travers le regard de la victime, de la sœur et des parents qui découvrent des années plus tard ce qu'il s'est passé cet après-midi-là. Pour montrer les effets du silence et de la honte ressentie par la victime comme par sa sœur qui a été témoin d'une scène "pas normale", l'autrice utilise un ton très distant, très froid. Cela permet de se rendre compte des craquelures qui ont petit à petit envahi la petite fille au fur et à mesure de sa croissance. Cette tonalité permet également l'amplification des silences, des non-dits qui ont impacté et impactent toujours les relations entre les différents personnages comme celle, par exemple, de Chloé, la victime, et Clara, la petite sœur qui veut en finir avec le silence et veut que sa sœur s'ouvre au monde.
En plus de tout cela, en tant que lecteur, on découvre l'événement avec effroi et cela pèse une sacrée chape de plomb sur le récit et les ellipses vont lever peu à peu cette chape de plomb sur Chloé mais qui tombe en répercussion sur son entourage -et en particulier ses parents qui découvrent brutalement cette vérité tue pendant trop longtemps - au fur et à mesure où elle dévoile le passé qu'elle a toujours cherché à garder au fond d'elle.
Si l'histoire s'ouvre sur l'innocence des deux sœurs alors fillettes, vient alors pour Chloé le temps de la résilience forcée, puis la prise de parole libératrice et enfin … le temps de la vengeance sur cet homme célèbre dans son domaine au point qu'il est difficile pour les autres d'entendre ce que Clara et Chloé disent. Mais, malgré ce thème très fort encore tabou mais qui peu à peu ose prendre de la place dans les médias pour bousculer notre société qui a encore trop tendance à culpabiliser les victimes, et l nécessité de raconter ce genre d'histoire, quelque chose m'a gêné dans les dialogues, les interactions entre les personnages. J'ai eu l'impression que le tout donnait quelque chose d'assez artificiel - que les interactions entre les personnages et les réactions manquaient de naturel. Cela m'a tenu à distance du récit aussi fouillé et documenté soit-il.
En bref, un récit qui sait créer le malaise par ce qu'il raconte et dénonce mais je n'ai pas été plus impliqué que cela dans la vie des personnages dont les discussions et pensées m'ont paru manquer … de vie.
• p. 43-44
Cette histoire ce n'est pas possible. Ses parents viennent de le dire. Ils ont raison, ce n'est pas possible, parce qu'un ami ne trahit pas, ne ment pas, ne viole pas.
• p. 63
Car ce n'est pas une victime que le loup a faite en saccageant une petite fille, ce sont trois victimes. La fille, le père, la mère. Trois victimes qui ont mal chaque jour en silence, sans trouver les mots pour le hurler. Trois blessures enterrées dans trois corps.
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