[ Circé de Madeline Miller ]

Autrice : Madeline Miller

Nationalité : canadienne

Traduit par Christine Auche

Genre : mythologie, littérature contemporaine

Editions Pocket

Paru en mai 2019

549 pages



Le mythe de Circé revisité. Fille du dieu Helios, la magicienne se découvre un don pour la sorcellerie et les poisons. Crainte par les dieux, elle est exilée sur une île déserte où elle croise Ulysse ainsi que le Minotaure, Icare et Médée. Victime de la frayeur qu'elle suscite, elle est contrainte de choisir entre le monde des dieux et celui des mortels.


Jusqu'à présent, je pense avoir apprécié chacun de mes lectures de récits mythologiques. Circé ne fait pas exception puisque, pour ne pas faire dans l'originalité, ce roman est un coup de cœur tant j'ai résonné avec l'histoire comme avec le personnage. 

J'ai plongé dans ce petit pavé suite aux nombreux conseils autour de moi et dans le cadre d'un club de lecture commune… et j'ai eu du mal à le lâcher tellement je vibrais pendant le récit de la vie de Circé, demi-déesse souvent qualifiée de magicienne selon les récits qui retracent sa vie. Madeline Miller s'est documenté et a su parfaitement donner vie et voix à celle dont finalement on ne parle qu'au travers les mésaventures d'autres personnages, Ulysse en tête. 

Comme d'habitude, je ne sais pas parler des livres que j'aime et celui-ci ne fait pas exception ici aussi ^^ car j'ai absolument tout aimé dedans : 
- Les personnages, Circé en tête qui nous montre totalement des autres facettes de la déesse que l'on retient pour l'épisode des porcs dans L'Odyssée de Homère, mais aussi d'autres personnages qu'elle croise dans sa vie auprès des dieux (son père Hélios, son oncle Océan, son amour de jeunesse Glaucos, sa sœur Pasiphaé, ses frères Persé et Eetès, , les dieux Zeus, Hermès ou bien encore Poséidon ou Prométhée) comme des nymphes ou dans sa vie d'exil (Ulysse, Pénélope et Télémaque, Jason et Médée) 

p.149 :
De tous les mortels sur Terre, rares sont ceux dont les dieux entendent jamais parler. Il faut considérer l'aspect pratique ; le temps que nous apprenions leurs noms, ils sont déjà morts. Il faut qu'ils soient des météores pour retenir notre attention. Vous qui êtes simplement bons : pour nous, vous n'êtes que poussière. 

- Le récit à la première personne qui permet de raconter la vie de Circé d'une manière tout à fait inédite puisque nous apercevons le monde des dieux et des héros du point de vue de Circé

p.218 : 
Néanmoins dans une existence solitaire, il existe des moments rares où une autre âme plonge tout près de la vôtre, comme les étoiles qui s'approchent de la terre une fois par an. Pour moi, il avait été ce genre de constellation-là. 
- Le temps qui passe ; puisque Circé est une déesse, elle ne vit pas le temps comme vous et moi. Les années, puis les époques passent mais Circé est intemporelle et nous le ressentons notamment grâce aux ellipses disséminées tout au long du récit qui nous font percevoir le caractère nonchalant des êtres immortels.

p. 198 :
C'était ainsi que les mortels trouvaient la gloire, songeai-je. A force d'entraînement et de diligence, cultivant leurs talents à la manière d'un jardin, jusqu'à ce que ceux-ci resplendissent sous le soleil. Mais les dieux naissent ichor et nectar, et leur excellence déborde déjà du bout de leurs doigts. Ainsi, ils trouvent leur renommée en prouvant ce qu'ils sont capables de gâcher : en détruisant des villes, initiant des guerres, engendrant monstres et épidémies. 

Puis, bien sûr, il y a toutes les émotions que suscitent le destin de Circé, un destin fait de rencontres autant que de solitude puisqu'à cause de sa détermination et son indépendance, elle fait peur aux autres ; une vie à apprendre par elle-même ses pouvoirs comme le pouvoir des plantes : les pharmakoi ;  une propension à l'empathie puisqu'elle aime aussi fort qu'elle déteste. En bref, Circé est une femme déterminée dans laquelle il est facile de s'identifier tant ses révoltes peuvent être les nôtres autant que sa force de caractère et ses faiblesses. 


p. 39 :
Cette pensée était la suivante : bien que toute ma vie n'ait été qu'opacité et profondeurs, je ne faisais pas partie de cette eau sombre. J'étais simplement une créature vivant à l'intérieur.

p.549 : 
Jadis, je pensais que les dieux étaient le contraire de la mort mais je vois maintenant qu'ils sont plus morts que tout le reste, car ils sont immuables et ne peuvent rien tenir dans leurs mains. 

Commentaires

  1. Je ressens pleinement ton coup de coeur à travers ta chronique !
    J'ai adoré Circé même si pour moi, ce ne fut pas un coup de coeur à l'instar du Chant d'Achille (nous avons des coups de coeur inversés toutes les deux ! ^^).
    En tout cas, hâte de découvrir le prochain roman de Madeline Miller

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    1. Oui je comprends, Le chant d'Achille était très bien aussi :P

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