[ Konbini de Sayaka Murata ]

Autrice : Sayaka Murata

Nationalité : japonaise

Traduit par Mathilde Tamae-Bouhon

Genre : littérature japonaise, contemporain

Editions Denoël

Coll. Denoël & d'Ailleurs

Paru en mai 2021

128 pages

Disponible en poche sous le titre : La fille de la supérette

Depuis l’enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. À trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n’a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s’inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille.

En manque de main-d’œuvre, la supérette embauche un nouvel employé, Shiraha, trente-cinq ans, lui aussi célibataire. Mais lorsqu’il apparaît qu’il n’a postulé que pour traquer une jeune femme sur laquelle il a jeté son dévolu, il est aussitôt licencié. 

Keiko, âgée de 36 ans, est une jeune femme célibataire qui vit d'un travail à temps partiel dans un konbini - une supérette japonaise ouverte 24/24h. Elle a fait de ce lieu sa vie, elle la fille anormale. En effet, grâce à ce travail, elle arrive à se fondre dans la masse des gens de son âge. Horaires, gestes, tenues, elle réfléchit et agit en fonction des "recommandations" du manuel des employés de la supérette, qui se révèle de fait comme son guide de vie. Un jour, elle rencontre un autre être qui agit différemment des autres, qui refuse les conventions sociales et cela intrigue rapidement Keiko. 

Konbini - ou La fille de la supérette selon le format que vous lisez - est un roman à la première personne, du point de vue de Keiko. On y suit son passé, son présent et surtout ses pensées dans cette société qui érige au rang supérieur l'utilité sociale de l'individu par le mariage, le travail et la famille reniant toute individualité aux personnes. Finalement très peu de personnes ne connaissent la vraie Keiko ni ne l'accepterait tant sa différence dénote avec ces exigences sociales. On découvre alors une facette portée sur les apparences et les conventions ; Keiko fait figure d'ovni et, à être dans sa tête, on ressent un certain malaise à cette exclusion.

Ce roman comme le personnage principal m'a désarçonné car je ne m'attendais à y trouver ce monde de convenances. Keiko est obligée de s'inventer des alibis pour expliquer son travail à temps partiel, son désintérêt pour toute relation quelle qu'elle soit, sa façon désincarnée d'étudier pour essayer de comprendre ce monde qui l'entoure. Même si l'écriture comme le personnage détonne, tous deux n'en restent pas moins intéressants. Je n'ai eu aucun de mal à être dans la peau de Keiko et à comprendre les problématiques qui se posent à elle. 

En bref, un roman court, percutant qui prend aux tripes et révolte tout en montrant une facette du Japon que l'on connaît assez peu. Le Japon des apparences. 

p. 29

Quand j'ai commencé ce petit boulot, j'ai très tôt remarqué que les employés éprouvaient un certain plaisir à se trouver des frustrations communes, qu'il s'agisse des colères du gérant ou de l'absentéisme des collègues de nuit. L'insatisfaction générale fait naître une curieuse solidarité. Tout le monde se réjouit de mon coup de sang. 

p. 67 

Dans ce monde régi par la normalité, tout intrus se voit discrètement éliminé. Tout être non conforme doit être écarté. 

Commentaires

  1. C'est intéressant d'être placé dans la tête du personnage qui fait figure d'exception dans une société où la place sociale d'une personne doit être clairement défini selon des idées et habitudes préconçues. Il m'intrigue bien celui-ci, merci pour la découverte. 🙂

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