[ L'année de grâce de Kim Liggett ]

Autrice : Kim Liggett

Nationalité : américaine

Traduit par : Nathalie Perrony

Genre : dystopie

Editions Casterman

Paru en octobre 2020

528 pages

Un an d’exil en forêt. Un an d’épreuves. On ne revient pas indemne de l’année de grâce. Si on en revient.

Depuis déjà plusieurs mois dans ma wish-list - pour ne pas dire des années - je lis enfin ce roman en lecture commune avec les filles du discord Les buveuses d'encre. 

J'avais lu beaucoup de beaux retours sur ce roman mais je ne m'attendais pas à cette claque. Dans un univers dystopique, Tierney, adolescente, doit affronter "sa magie" qui selon la tradition est trop puissante pour les hommes - et mauvaise pour les femmes. Les jeunes filles sont alors envoyées loin de la ville pour vivre ce qu'ils appellent leur "Année de grâce" au cœur d'une forêt dangereuse. Livrées à elles-mêmes, les filles doivent découvrir et relâcher leur magie avant de pouvoir rejoindre la ville et de pouvoir se marier avec "son promis", des hommes célibataires de la communauté qu'ils soient jeunes ou vieux … 

Roman d'une profonde puissance, j'ai aimé suivre le quotidien difficile de Tierney qui remet en cause la société dans laquelle elle évolue. On y voit beaucoup de choses que l'on connaît déjà dans notre société mais ici, le tout est monté à un tel niveau que l'on en ressort essoufflé. Voilà le paroxysme de la peur qu'éprouve les hommes envers les femmes. Toute cette communauté vit dans la contrainte ; les femmes reviennent brisées de cette année de grâce et vivent sans liberté, sous la domination des hommes, sous le regard des femmes montées les unes contre les autres depuis leur jeunesse. Au camp, elles finissent par se livrer une lutte à qui mérite de vivre… 

En bref, un roman d'une effroyable efficacité qui sous couvert de dystopie fait réfléchir à la société dans laquelle nous vivons qui est loin d'être docile envers les femmes, avec encore de profondes inégalités. Pour finir, ce roman m'a laissé à bout de souffle tant j'ai ressenti chaque parcelle de violence qui émane des situations comme des personnages. 

P257 : 

- C'est la raison pour laquelle on nous envoie ici. 

- Pour que vous vous débarrassiez de votre magie, ajoute-t-il.

- Non, dis-je tout bas juste avant que le sommeil de m'emporte. Pour nous briser.