[ Un été sans les hommes de Siri Hustvedt ]

Auteur: Siri Hustvedt
Genre : littérature américaine, contemporain
Editions Actes Sud
Coll. Babel n°1176
Paru en mai 2013
224 pages

Résumé


Incapable de supporter plus longtemps la liaison que son mari entretient avec une femme plus jeune qu'elle, Mia quitte brusquement New York pour se rendre dans le Minnesota et se réfugier quelque temps auprès de sa mère octogénaire. 
Mon avis


Au premier semestre 2018, Paul Auster et sa compagne Siri Hustvedt étaient invités sur le plateau de l’émission télévisée de François Busnel, La grande Librairie. Si je connaissais déjà la plume et le travail de Paul Auster ( Voir avis sur La trilogie New-Yorkaise ou Sunset Park), je dois bien avouer ne connaître Siri Hustvedt que de nom et encore ! Son portrait dans l’émission m’a donné envie de découvrir cette auteure présentée comme une “grande” de la littérature américaine moderne - et vous connaissez mon goût pour la littérature américaine moderne.

Ainsi, pour découvrir la plume de Siri Hustvedt, j’ai décidé de lire cet été le roman Un été sans les hommes qui au vu du titre me semblait être une lecture idéale pour la saison estivale. De plus, l’ayant très peu vu passer sur les réseaux, je me suis dit que cela serait l’occasion de découvrir le livre sans avoir lu des avis lectures d’autres lecteurs.

Avec ce roman, je ressors subjuguée par la plume de l’auteur. Elle partage des phrases tendres qui, des fois, deviennent acérées et révèlent ainsi toute la psychologie du personnage principal, Mia. L'héroïne de ce roman vient de se séparer de son mari, Boris, après des années de mariage. Infidèle, il la trompe depuis quelques mois avec une de ses collègues, plus jolie mais surtout plus jeune. Fragilisée par cette séparation, Mia s'est laissée engloutir par la dépression et a été internée brièvement pour s'en remettre. A sa sortie, elle retourne auprès de sa mère dans le Minnesota et elle rencontre un club de lecture loin d'être ordinaire, entièrement composé de retraitées octogénaires ou nonagénaires. Avec leur expérience et leur réflexion sur la vie, elles permettent à l'héroïne de remettre sa vie en perspective. Elle retrouve des forces grâce à ces autres personnages pleins de vie malgré la mort si proche.

Mia, poétesse, subit d’abord la panne blanche, esquissant sommairement ses pensées et son mal-être. Puis, le temps et ces différentes rencontres aidants, elle se remet peu à peu à écrire et elle arrive petit à petit à mettre des mots sur ses sensations, ses impressions. Cela pourrait être anecdotique mais Siri Hustvedt ponctue ce récit de ci et de là de morceaux de poésie, de dessins illustrant le cheminement intérieur de l'héroïne. Siri Hustvedt respecte l’état mental de son personnage et au début du roman, quand elle témoigne des fragilités de Mia, elle le fait tout en douceur, avec une certaine retenue. On se laisse alors transporter par les douleurs et le vécu traumatique de la séparation du personnage principal avec son époux. Puis, petit à petit, l’auteure secoue son personnage et intègre petit à petit un éclaircissement sur tel ou tel point du mariage de Mia et Boris, utilisant des mots acérés et du sarcasme. Mia ouvre peu à peu les yeux et renaît sous nos yeux de lecteur au contact des amis de sa mère.

Si a priori, je m’étais dit que le résumé de quatrième de couverture révélait une histoire qu’on a déjà lu mille fois, le style et la vision de l’auteur sur Mia et sur le parcours de Mia - rupture, mal-être, dépression et renaissance - en font un récit magistral qui pendant longtemps encore me trottera en tête. On le finit à bout de souffle avec une Mia qui a révélé toutes ses failles au fil des pages et qui se dirige vers une nouvelle vie, une vie où ses peurs ne l’arrêtent plus et une vie où elle se sent vivante, où elle a prise sur son existence.

En bref, une lecture très tendre sur la vie et le renouveau où la poésie y a trouvé naturellement sa place sans en faire un récit indigeste - la rendant d'ailleurs au contraire plus fluide et plus subtile. Je découvre Siri Hustvedt et je pense ne pas m'arrêter à cette lecture qui m'a totalement convaincue.

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