[ Opération Sweet Tooth d'Ian McEwan ]

Auteur : Ian McEwan
Genre : fiction historique, littérature anglaise
Editions Gallimard
Coll. Du monde entier
Paru en 2014
448 pages

Résumé

En Grande-Bretagne, au début des années 1970, la guerre froide est loin d'être finie. Diplômée de Cambridge, belle et intelligente, Serena Frome est la recrue idéale pour le M15. La légendaire agence de renseignements anglaise est en effet bien décidée à régner sur les esprits en subvenant aux besoins d'écrivains dont l'idéologie s'accorde avec celle du gouvernement. L'opération en question s'intitule Sweet Tooth et Serena, lectrice compulsive, semble être la candidate tout indiquée pour infiltrer l'univers de Tom Haley, un jeune auteur prometteur. Tout d'abord, elle tombe amoureuse de ses nouvelles. Puis c'est de l'homme qu'elle s'éprend, faisant de lui l'autre personnage central de cette histoire.
Mon avis

Ian McEwan est un auteur qui me fait de l’œil depuis l’adaptation de son roman Expiation au cinéma - le titre a été changé pour Atonement et les rôles principaux sont interprétés par James McAvoy et Keira Knightley. Si je n’ai pas encore eu le plaisir - ni l’occasion - de lire Expiation ou un autre de ses romans, j’ai plongé dans Opération Sweet tooth sans vraiment d’attente puisque je n’ai pas beaucoup entendu parler de ce roman sur les réseaux ou dans les médias.

Dans ce roman, Ian McEwan met en scène Serena, une jeune anglaise passionnée de lecture qui devient - un peu malgré elle- une espionne à la solde du MI-5. Simple administrative, elle devient agent sur le terrain grâce à sa passion et sa connaissance de la littérature. Elle est chargée de côtoyer un jeune écrivain, Tom Haley, et de lui inspirer un texte qui répondrait aux attentes idéologiques du gouvernement anglais.

Au début de ma lecture, j’ai tourné les pages assez rapidement ; on se laisse vite prendre par la vie tout à fait ordinaire de Serena. Elle grandit, va à l’école et dévore tous les livres qui lui tombent sous la main. A l’Université, elle n'étudie pas les lettres mais les mathématiques. Élève tout à fait moyenne, elle valide son diplôme sans mention. Quand elle entre dans la vie active, elle se retrouve à fréquenter un de ses enseignants qui va faire beaucoup pour elle, y compris la faire entrer au MI-5 en pleine guerre froide.

Toutefois, pendant ma lecture, j’ai trouvé quelques longueurs et plusieurs fois, j’ai dû me ressaisir pour poursuivre ma lecture. Heureusement, la deuxième partie - quand elle rencontre Tom Haley - est beaucoup plus intéressante. Des éléments de suspense sont intégrés peu à peu et Serena se révèle de plus en plus intéressante au fur et à mesure de l’histoire. Sa rencontre avec le jeune écrivain la rend plus humaine et, surtout plus crédible aux yeux du lecteur. En plus d’être un roman d’espionnage, il s’agit surtout d’un roman racontant une passion amoureuse aussi belle que tragique. A l’instar de ses romans, Serena rencontre l’amour là où on lui demandait du professionnalisme - ici, pas de spoil puisque la quatrième de couverture mentionne cette histoire d’amour, elle a du mal à se défaire de cette naïveté d’enfant et par son romantisme, elle n’est pas sans nous rappeler la très tragique Emma Bovary, personnage de Gustave Flaubert qui aimait également les romans et l’amour.

Puis, j’ai d’abord pris la superficialité de Serena par un défaut d’écriture mais cet aspect du personnage principal prend tout son sens dans la dernière partie de l’histoire et dans la résolution de l’intrigue. Nulle vraie artificialité, juste une manœuvre d’Ian McEwan pour manipuler son lecteur… Une fois la lecture finie, c’est là que j’ai pu réellement apprécier l’histoire et les personnages. Tout ce qui me gênait dans ce roman a pris sens dans ce dernier chapitre et l’on pourrait presque lire et relire ce roman en boucle tellement début et fin résonnent ensemble.

En bref, un roman qui a su me plaire une fois la dernière page tournée. J’ai apprécié la façon dont Serena parle et pense la lecture. Ian McEwan insère dans ce texte une dimension autant historique que littéraire grâce à de nombreuses références à la littérature anglaise du début XXème siècle. Il s’agit donc ici un roman que je conseillerais à tous les lecteurs avides et qui aiment les livres qui parlent de livres.

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