[ La guérilla des animaux de Camille Brunel ]

Auteur : Camille Brunel
Genre : littérature française, contemporain, drame
Alma éditeur
Paru en 2018
271 pages





La colère d’Isaac est froide, ses idées argumentées. Un profil idéal aux yeux d’une association internationale qui le transforme en icône mondiale sponsorisée par Hollywood. Bientôt accompagné de Yumiko, son alter-ego féminin, Isaac court faire justice aux quatre coins du globe.


Lors de sa parution, je n'avais pas fait attention à ce roman mais un avis posté sur Instagram par Alexandra du compte La semeuse de livres et je n'ai pas pu attendre plus longtemps pour le lire car le résumé qui en a été fait a su attiser ma curiosité de lectrice. 

Je dois bien avouer que ce roman m'a complètement retourné et bouleversé. Camille Brunel livre un roman choc et surtout, un roman qui fait réfléchir. Un discours militant pour un personnage principal qui milite jusqu'à l'extrême pour défendre la cause animale. Mais, il s'agit également d'un roman qui marque, parfois choque mais qui personnellement m'a parlé. 

Je n'irai pas jusqu'au terrorisme pour lutter pour la cause animale mais les longs discours d'Isaac qui savent parfois mettre mal à l'aise nous poussent à interroger notre manière de consommer, de nous alimenter ou même la manière de penser notre quotidien et pour cela, je salue les talents de l'auteur qui conte autant qu'il dénonce tout ce qui fait notre société : fast-food, surconsommation, marketing, production, mondialisation et plus globalement le capitalisme. 

Je dis bravo à l'auteur qui propose ici un roman mi-realiste mi-anticipation où les thèmes sont abordés avec intelligence, force et brutalité. A lire ! 


"Isaac éprouva l'envie de tirer, mais sa vue le trahit sous l'effet de l'adrénaline ; de son éducation aussi peut-être, de son souvenir de la justice humaine." p. 16

"Nous ne nous mettrons à défendre les animaux qu'après avoir compris qu'il ne nous reste aucune chance. Tant que nous nous soucierons de la faim et de la pauvreté dans le monde, nous ne nous soucierons jamais autant de ce qui n'est pas nous. " p.19

"Les arguties sur le langage me fatiguent. Quand bien même ils n'auraient pas de langage, où est le problème ? On a adoré pendant des millénaires des idoles de pierre qui ne pouvaient pas parler. Adorons les animaux, mutiques comme des idoles. Pourquoi les meilleurs gorilles seraient ceux qui apprennent le langage des signes ? Le bonheur n'est pas dans la connaissance." p. 128

"En 1945 quelque chose s'était brisé et d'une génération à l'autre, la fêlure s'était fragilisée, la cicatrice creusée, toujours plus monstrueuse de père en fille et de mère en fils. Maintenant on ne savait plus quoi faire avec la plaie, on choisissait la folie au désespoir, et tant pis pour la guérison. partout sur Terre, des petits malins se réjouissaient du chaos, bâtissaient des abattoirs, tiraient sur les grands singes et servaient leur nourriture d'huile aux jeunes à peine revenus de leur visite de la Pologne. Le 20 ème siècle est une maladie incurable." p. 144

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